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L’Atlas de la Biodiversité Communale (ABC): une opportunité pour le bocage et les milieux aquatiques!

Par 4 avril 2024mai 22nd, 2024Aucun commentaire

L’ABC (Atlas de la Biodiversité Communale)  est un outil à destination des communes et des intercommunalités qui permet de mieux connaître un territoire, de mobiliser autour des enjeux liés à la biodiversité et d’agir pour sa préservation. Depuis 2010, en Bretagne, 360 communes, soit près d’une commune sur trois a réalisé ou réalise actuellement un ABC. Une communauté d’acteurs techniques et financiers est structurée autour de cette démarche : associations naturalistes et d’éducation à l’environnement, bureaux d’études, agence bretonne de la biodiversité (ABB), établissements publics (dont l’OFB), région, départements, etc.

L’implication des techniciens de bassin versant est un atout important pour aboutir à un ABC ambitieux, et pour la préservation des milieux

Un outil de connaissance, de mobilisation et d’aide à la décision pour les collectivités

L’ABC est une démarche transversale qui s’articule autour de trois volets.

La connaissance : partant du principe qu’il faut connaitre pour protéger, l’ABC vise à ce que les collectivités enrichissent les connaissances sur la biodiversité de leur territoire. La première étape consiste en une synthèse bibliographique des données existantes. A la suite de celle-ci, une stratégie d’inventaire est définie afin de combler les lacunes et prioriser les milieux concentrant le plus d’«enjeux ». A partir de cette analyse, des inventaires naturalistes complémentaires sont réalisés, visant tant les milieux que les espèces, tant la biodiversité remarquable qu’ordinaire. Les données issues des inventaires sont ensuite reversées à l’Observatoire de l’Environnement en Bretagne (et in fine à l’INPN), pour contribuer à des programmes de suivi de populations.

La mobilisation citoyenne : l’ABC s’adresse à tous les habitants et acteurs du territoire. Ce volet comporte plusieurs graduations, allant de la simple information jusqu’à la mobilisation ; c’est-à-dire la participation active des citoyens. Celle-ci passe par exemple par la publication d’avis de recherche mobilisant les habitants pour localiser des espèces (hérrisson, chouette effraie), ou encore la participation à des chantiers de restauration. L’objectif à court terme est de les sensibiliser à la biodiversité locale, et à plus long terme de contribuer à les reconnecter à leur territoire, afin qu’ils se saisissent des enjeux biodiversité et concourent à une pression « politique » autour de ce sujet.

Le passage à l’action : fortes de la connaissance acquise et des différents travaux menés autour des enjeux, les collectivités doivent à l’issue de l’ABC être en possession d’outils leur permettant de faire des choix de territoire en faveur de la biodiversité. L’ABC doit ainsi permettre aux élus et autres décideurs d’agir, au travers de la mise en place d’actions concrètes et de l’élaboration d’une cartographie des enjeux de biodiversité. Ces actions peuvent être variées : inscription de zones à préserver dans les documents d’urbanisme (PLU et PLUi-H), acquisition et protection foncière, restauration de milieux, etc.

Des axes d’amélioration identifiés

Lancé en mars 2023 au sein de la direction régionale Bretagne de l’OFB, le projet intitulé AplaBC « de l’acquisition à la planification : les ABC en question » a pour objectifs d’analyser la démarche ABC et de proposer des améliorations de celle-ci.

Il ressort des premières évaluations que les ABC ont jusqu’ici eu trop tendance à penser leur biodiversité en termes d’espèces, et pas assez en termes de milieux. Même si la trame verte et bleue est souvent consultée, les inventaires naturalistes aboutissent souvent à de longues listes d’observations, qui ne se révèlent pas toujours optimales pour cerner les enjeux du territoire. L’OFB souhaite donc réorienter cette tendance, en poussant de plus en plus les collectivités à réfléchir leurs prospections avec une approche milieux.

Et parmi les milieux étudiés au sein d’un ABC, les milieux aquatiques font souvent figure de parent pauvre. D’une part parce qu’une réflexion axée « espèces » ne permet de trouver que peu de données (par exemple les pêches électriques sont très localisées) et d’autre part, parce que la majorité des prestataires engagés sont orientés vers les milieux terrestres. Ce déficit de prise en compte apparait comme une occasion manquée, au moment où se définissent des éléments devant servir aux décisions d’aménagement futurs.

De l’intérêt de la participation des techniciens de bassin versant

Du constat qui vient d’être fait découle naturellement l’intérêt d’une plus grande participation des techniciens de BV dans ces démarches. Leur expérience et leur connaissance locale font qu’ils sont les meilleurs sachants pour ce qui est des milieux aquatiques et du maillage bocager du territoire. Ils connaissent par ailleurs les problématiques et enjeux de ces milieux. Nous ne voyons pas à l’heure actuelle de personne plus qualifiée pour faire pencher la balance en faveur d’une meilleure prise en compte des milieux aquatiques et du bocage dans les ABC.

Leur apport est pertinent à tous les stades du projet :

  •  Apport des connaissances déjà existantes : zones humides, têtes de bassin versant, cours d’eau ;
  • Détermination des enjeux sur le territoire ;
  • Avis sur les milieux (cours d’eau, zones humides, etc.) à diagnostiquer en priorité ;
  • Participation à des diagnostics complémentaires autour de ces projets ;
  • Propositions d’actions concrètes en faveur des milieux aquatiques, dans le plan d’action (restauration de milieux, gestion des haies et des fossés, gestion du réseau hydraulique annexe, etc.).

Cette implication peut ainsi se faire au travers de temps passé sur le terrain, ainsi qu’au travers de la participation aux instances de gouvernance du projet : comités de pilotage et comités techniques (environ 2 par an).

Les techniciens de BV ont de leur côté beaucoup d’intérêts à trouver aussi dans ces démarches ; en plus de la meilleure prise en compte des milieux déjà décrite.
Tout d’abord, l’engagement dans une démarche ABC témoigne d’une volonté politique en faveur de l’environnement, émanant au minimum d’une partie des élus. Celui-ci constitue donc de fait une zone privilégiée dans laquelle le technicien a des chances de trouver une oreille attentive, et notamment dans les différents comités (COPIL, COTECH, etc.).

L’ABC est aussi une période de rencontre des différents acteurs du territoire : habitants, industriels, agriculteurs, etc. C’est donc un moment privilégié pour faire passer des idées, et sensibiliser à la protection des milieux aquatiques et terrestres. Cette démarche peut en outre permettre d’identifier des communes propriétaires de terrain sensibles à ces problématiques, et pourquoi pas ouvrir l’accès à des parcelles où il sera par exemple possible de mettre en œuvre des restaurations de milieux ambitieuses.

Je reste disponible pour tout renseignement complémentaire,

ROBERT Denis, Direction Régionale Bretagne de l’Office Français de la Biodiversité denis.robert@ofb.gouv.fr

 

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